19 mai 2009
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A méditer par tous ceux qui pensent qu'il y a une civilisation à apporter et qui mesurent cette civilisation en termes d'avancées techniques : ce qui est nécessaire aux uns peut très bien ne pas l'être aux autres !
"Ce que j'ai dit des naturels de la Nouvelle-Hollande pourrait faire croire que ce peuple est le plus misérable qui existe : mais en réalité, ils sont beaucoup plus heureux que nous Européens, étant totalement ignorants non seulement du superflu, mais aussi des commodités nécessaires tellement recherchées en Europe. Il est heureux pour eux de ne pas en connaître l'usage. Ils vivent dans une tranquilité que ne trouble pas l'inégalité des conditions. De leur propre aveu, la terre et la mer leur fournissent toutes les choses nécessaires à la vie. Ils ne convoitent pas des maisons magnifiques pourvues de nombreux serviteurs. Ils vivent dans un climat beau et chaud, et profitent de tous les bienfaisants souffles qui agitent l'air, de sorte qu'ils n'éprouvent pas le besoin d'avoir des vêtements : quand nous leur en donnâmes, ils les abandonnérent négligemment dans les bois ou sur les plages comme s'ils ne savaient absolument pas qu'en faire. En bref, ils ne semblèrent attacher de prix à rien de ce que nous leur donnions, et ne voulurent se séparer de rien de ce qu'ils possédaient en échange de n'importe lequel des objets que nous pouvions leur offrir, ce qui prouve à mon avis qu'ils se considèrent comme pourvus de tout ce qui est nécessaire pour vivre, et qu'ils n'ont aucun superflu. "
James Cook, Relations de voyages autour du monde, La Découverte, 1998, p. 126.